KINSHASA/ POLITIQUE : « 30 Juin: Nécessité des choix indépendants », intitulé de la lettre ouverte que Me Idesbald BYABUZE Katabaruka, Enseignant des universités, acteur politique et avocat au Barreau du Sud-Kivu adresse aux Congolais ( Intégralité)

Kinshasa, le 29.06.2024

30 JUIN : NECESSITE DES CHOIX INDEPENDANTS

Lettre ouverte à mes compatriotes Congolais
(Reprise de notre lettre du 29.06.2023)

Très chers compatriotes,

Soixante-quatre ans nous éloignent de la mémorable date du 30.06.1960. A l’instar de la quasi-totalité des pays africains libérés du joug colonial autour de cette année-là, la commémoration de l’indépendance est la fête des fêtes et un motif de fierté nationale. Cette occasion est belle et propice de nous interroger sur le sens et l’essence de ce jour sacré dont chaque seconde devrait sonner le rappel du serment de dignité et de liberté à léguer à la postérité congolaise pour toujours ainsi que nous le chantons dans notre hymne national.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est une évidence que les inquiétudes sur le vécu de l’indépendance congolaise ressemmblent à quelques infimes exceptions près sinon à celles de tous les Etats du continent africain.
Des grands penseurs et autres révolutionnaires africains au Congolais et à l’Africain lambda, les violons s’accordent sur le cadeau empoisonné des indépendances:
*Ci et là, des régimes et des systèmes politiques subissent depuis un peu plus de six décennies le diktat sans appel des maîtres occidentaux, la plupart étant des anciens colonisateurs perpétuant leur mainmise par une implacable machine de la perpétuation au pouvoir de leurs poulains et hommes de main et la prédation de nos richesses, et gare à qui ose la bravade. Ainsi, de fossiles politiques vivants ont dans de nombreux pays régné sans partage en maîtres absolus au grand damn de leurs populations.
*Les relations commerciales et économiques entre nos pays pourtant réservoirs et producteurs de toutes sortes de matières premières et les grandes puissances restent teintées du paradoxe de l’acheteur fixant et imposant le prix au faible vendeur. Où sont donc passés les Accords de Lomé, les projets des routes et chemins de fer transafricains ainsi que des chapelets d’engagements pour de sains échanges et de relations respectueuses profitables à tous ?
*La déliquescence programmée des pouvoirs étatiques et la paupérisation extrême des populations appellant la commisération des donateurs généreux occidentaux ont fait déferler sur la terre congolaise et partout en Afrique des milliers d’organisations non gouvernementales (ONG) devenues de véritables contre-poids des pouvoirs et décideurs des programmes pour la vie socio-économique et même politique.
En définitive, l’infantilisation de nos populations, éternelles assistées aux mains tendues annihile la valeur du travail au profit des aides multiformes conditionnées jusqu’aux couches des bébés, l’aspirine, le mais, le haricot et des miches de pain. Quelle est cette partie du monde où les ONG ont impulsé un jour le développement?
*Sous le couvert des missions civilisatrices et évangélisatrices, la RDC et l’Afrique ont battu les records mondiaux des confessions religieuses. Que d’officines de foi pour l’endormissement des fervents fidèles guettant des miracles; pauvres citoyens enrichissant leurs bergers locaux et leurs souteneurs étrangers ! Pendant ce temps, le reste du monde progresse et nous impose des antivaleurs.
*Comme pour lutter contre le tableau lugubre du chaos et de l’insécurité fabriqués un peu partout en RDC et en Afrique, des opérations, des missions et des organisations paramilitaires sont déployées dans des pays en conflits pour un semblant de pacification sans délai cachant le lucre. Dans ce contexte, que subsiste-t-il du prestige des forces armées et de défense des nations africaines dont les missions sont la protection de nos peuples et celle de nos frontières ?
*Enfin, le mimétisme culturel et l’extraversion de la consommation sont autant d’effets pervers remettant à leur manière en cause nos indépendances et notre sécurité alimentaire comme de nombreux hommes politiques, des scientifiques, des confessions religieuses et des acteurs sociaux Congolais et Africains n’ont cessé de le dénoncer.

Il nous semble qu’en ce trente juin, des choix idoines, urgents et indépendants s’imposent à nous Congolais et à tous nos frères africains:
-une démocratie et un recours aux méthodes de gouvernance à l’africaine ayant prévalu dans les empires et royaumes anciens de grande renommée ;
-des partenariats gagnant-gagnant bénéfiques avec des effets multiplicateurs jusqu’au plus petit de nos citoyens ;
-la sacralité de la vie aujourd’hui bafouée par des campagnes d’impunité presque maximale en faveur des meurtriers ;
-la procréation, fruit des unions naturelles entre l’homme et la femme tant il est vrai que la taille d’une population est l’un des facteurs de la puissance d’un État à côté de sa superficie et ses richesses;
-le travail assidu en faisant nôtre la recommandation ultime du Laboureur de la fable de Jean de La Fontaine à nous Congolais enrichie par notre plume, « ne laissez nulle place où la main, votre ingéniosité, votre courage à cause de votre amour de la patrie ne passe et repasse pour produire et vous imposer au monde »;
-la préservation de nos langues et généralement de tous les intrants de notre culture sans laquelle la disparition s’annonce pour nous;
-la conservation de cette nature incommensurable, don inestimable du Bon Dieu, qui fera accourir vers notre pays des réfugiés du climat du monde entier fuyant l’impitoyable revanche de la nature qu’ils auront provoquée, énervée et massacrée par leurs créativités et activités.

Très chers compatriotes, parce qu’il est vrai que notre grande République Démocratique du Congo est un des plus importants réservoirs de la planète Terre et l’épicentre de l’Afrique, ne laissons pas cette dernière se réveiller et avancer sans nous qui avons en même temps le droit et le devoir de l’avoir à notre traîne. Ainsi, nos ancêtres et nos descendants seront fiers de nous Congolais vivants en ce 30 juin 2023.

Bonne fête au Chef de l’Etat, le garant de notre nation et à nos familles où que nous soyions.

Salutations fraternelles et patriotiques.
Me Idesbald BYABUZE Katabaruka (IBK)