Le Sud-Kivu fait face à une véritable crise silencieuse. Selon un rapport publié par le Service d’Observation et de Suivi en Santé Mentale (SOSAM), plus de 118 000 cas de troubles mentaux ont été recensés dans la province au cours du premier semestre 2025. Ces chiffres, jugés alarmants, traduisent l’ampleur des souffrances psychologiques que subissent les populations congolaises, particulièrement dans les zones affectées par les conflits armés.
Rien que dans la ville de Bukavu, les consultations en santé mentale ont triplé entre janvier et juin 2025, passant de 1 600 à près de 4 900 patients. Le centre SOSAM, principal établissement psychiatrique de la ville, reçoit désormais une moyenne de 800 patients par mois, dont la majorité sont des femmes (50,7 %).
« Nous assistons à une augmentation sans précédent des cas de stress, de dépression, de psychoses et d’addictions », explique un psychologue du centre SOSAM. « Les gens arrivent ici profondément affectés par les guerres, les déplacements forcés, la pauvreté ou encore le chômage ».
D’après le rapport, les troubles de stress post-traumatique (TSPT) représentent environ 9,2 % des cas recensés (soit plus de 10 800 personnes). La dépression suit avec 6 171 cas (5,2 %), tandis que la toxicomanie touche 2 734 individus (2 %).
Le document mentionne également 93 cas de suicide enregistrés entre janvier et juin 2025, un chiffre en hausse par rapport à la même période en 2024.
Les experts pointent du doigt plusieurs facteurs aggravants :
- les traumatismes liés aux violences armées et aux déplacements de population ;
- l’insécurité économique et la précarité du quotidien ;
- la perte de proches, les violences domestiques et la marginalisation sociale ;
- ainsi que la consommation excessive d’alcool et de drogues, utilisée souvent comme refuge contre le stress.
« Beaucoup de gens vivent dans un état de peur permanente. La guerre, la pauvreté et l’incertitude rongent la santé mentale des habitants », indique un responsable de la Division provinciale de la Santé.
Face à cette situation, SOSAM appelle les autorités provinciales et nationales à intensifier les interventions en santé mentale, tout en plaidant pour une protection accrue des personnes atteintes de troubles psychiques.
Beaucoup de malades mentaux en ambulatoire sont encore stigmatisés, abandonnés ou victimes de violences populaires dans les rues de Bukavu et dans les territoires voisins.
« La santé mentale doit être intégrée dans les soins de santé primaires. Il faut former le personnel médical, créer des centres spécialisés dans les territoires et sensibiliser la population », recommande le rapport.
Dans une région marquée par des décennies de guerre et de traumatismes collectifs, la santé mentale reste l’un des défis les plus sous-estimés. Pourtant, selon les acteurs locaux, sans guérison psychologique, aucune reconstruction durable n’est possible.
En résumé: 118 000 cas en six mois au Sud-Kivu, les consultations triplent à Bukavu, principaux troubles : stress post-traumatique, dépression, toxicomanie, 93 suicides enregistrés, SOSAM appelle à un plan d’urgence pour la santé mentale
La rédaction
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