LES GRANDS TITRES

KINSHASA/ SOCIÉTÉ : Autour des questions de Paix et sécurité, la société civile réunit ses leaders avec les délégués du Corps Diplômatique, de la MONUSCO et du pouvoir public

Le Conseil National de la Société civile a organisé ce mercredi 24 fevrier 2021 à Kinshasa, une MATINEE PEDAGOGIQUE des leaders de la Societe civile pour réfléchir et échanger sur les questions de Paix et gouvernance sécuritaire en RDC. Dans la salle de conférence de la Résidence Saint Claver ( chez les Jesuites) de la Gombe, ces travaux de cette matinée ont réuni des personnalités de la société civile et mouvements citoyens avec des délégués du pouvoir public ( Ministère de l’Intérieur, Ministère de la Défense Nationale, la Haute hiérarchie de la Police Nationale Congolaise,…), de la MONUSCO, du Corps diplomatique et des services spécialisés. Des échanges vifs, des refexions profondes ont conduit à des recommandations et des engagements des participants à s’impliquer davantage pour l’amélioration de la gouvernance sécuritaire en RDC. En debut des travaux, une minute de silence a ete observé en mémoire de l’ambassadeur de l’Italie assassiné dans la partie est de la RDC à la veille et des Congolais qui chaque jour sont égorgés dans cette partie par des groupes armés et des « personnes non autrement identifiées » . A l’accasion, la Maison de la Société Civile ( MAISOCI) par son coordonnateur Jean-René Swedi a remis un diplôme d’excellence à certaines personnalites dont Joseph Kinzo. Cette haute rencotre s’inscrit dans la mission du Conseil National de la Société Civile ( CNSAC) d’assurer le suivi de proximité et l’accompagnement citoyen de la gouvernance du pays qui travers une période particulière de son histoire. Ces échanges très participatifs se sont ouverts par un exposé introductif du résumé du livre « La Construction de la Paix et le rôle de la MONUSCO « , un livre qui répond bien au debat actuel sur la paix et la gouvernance sécuritaire en RDC, dont voici l’intégralité.

 » EXPOSE INTRODUCTIF DES ECHANGES DES LEADERS DE LA SOCIETE CIVILE SUR LA PAIX ET LA GOUVERNANCE SECURITAIRE EN RDC »


Chers invités chacun considéré en sa qualité, chers participants et estimés collègues leaders de la Société civile congolaise, comme me l’ont demandé les organisateurs de ces assises, cet exposé introductif de cette matinée pédagogique des leaders de la société civile va s’élargir sur le résumé de mon livre « La Construction de la paix et le rôle de la MONUSCO » et se conclura par « 15 recommandations pour la construction de la paix et l’amélioration de la gouvernance sécuritaire en RDC » pouvant bien nous aider à ouvrir les échanges de ce jour sur la promotion de la paix et de la gouvernance sécuritaire en RDC.
I. RESUME DU LIVRE « LA CONSTRUCTION DE LA PAIX ET LE ROLE DE LA MONUSCO »,
( écrit par Bienvenu Karhakubwa Nam’ebigaba, Chercheur en Paix et Développement et fervent acteur de la société civile en RDC. Tel. +243 808000064)
Ce livre se focalise sur la problématique de l’agressivité de la population congolaise contre la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation de la République Démocratique du Congo, MONUSCO en sigle. Il explique les facteurs à la base de cette agressivité et suscite une conversation sur la construction de la paix. Son contenu relève d’une approche qualitative partie du normatif vers l’empirique au travers d’une théorie systémique. Des enquêtes sur terrain appuyées sur l’analyse documentaire, quatre résultats se dégagent.
Primo, la population congolaise est quelque fois agressive à la MONUSCO par ignorance de la mission, du modus operandi ou du mandat de la MONUSCO en tant qu’opération de maintien de la paix de l’ONU.
Secundo, la population congolaise est quelque fois agressive à la MONUSCO à cause de l’absence d’un plan ou d’une architecture de paix en RDC.
A cet effet, le livre ouvre une réflexion en proposant un modèle d’une architecture pour la construction d’une paix durable en RDC.
Tertio, la population congolaise est quelque fois agressive à cette Mission de l’ONU à cause de la faible appréciation de son travail par la population locale, au regard des attentes locales de paix et sécurité, mais aussi corrélativement aux moyens humains et financiers que reçoit la MONUSCO.
Quarto, la population congolaise est quelque fois agressive à la MONUSCO à cause de ses revers en tant mission d’opérations de maintien de la paix de l’ONU.


A cet effet, cinq revers sont identifiés et documentés dans ce livre. Il s’agit tout d’abord de l’ implantation idéologique de l’Islam dans la région ( l’ examen de la question est plus technique qu’ idéologique) ; ensuite le phénomène « Enfants de la MONUSCO », nés des casques bleus sur des filles et femmes congolaises; puis l’implication de certains agents casques bleus de la Mission dans la contrebande minière ; aussi l’entretien de groupes armés par certains agents et casques bleus de la MONUSCO et enfin le traitement disproportionné des agents Congolais travaillant pour la MONUSCO.
Il s’y ouvre une réflexion sur les stratégies correctionnelles de ces différents revers.
Ce livre enfin s’étend sur trois chapitres, à savoir : (1) les fondamentaux de la construction de la paix et des missions de maintien de la paix de l’ONU, (2) le travail de la MONUSCO ( tel que perçu par la population locale) et (3) les revers de la MONUSCO (en tant que mission de maintien de la paix de l’ONU).

II. 15 RECOMMANDATIONS POUR LA CONSTRUCTION DE LA PAIX ET L’AMELORATION DE LA GOUVERNANCE SECURITAIRE EN RDC

  1. Eradiquer les groupes armées en se servant des traques militaires, de la table de négociation et de la diplomatie positive régionale et internationale, en concours. Les traques militaires ne seront efficaces que si elles sont doublées d’une approche politique et diplomatique.
  2. Accentuer des actions diplomatiques actives avec les Etats de la région visant la paix (particulièrement le Rwanda, l’Uganda et le Burundi dont les groupes armés ont opérationnels en RDC) et l’éradication des mouvements et groupes armés dans la région. Notamment, des projets intégrateurs d’intérêts partagés sont à encourager.
  3. Améliorer les conditions socioéconomiques des militaires, policiers et agents de sécurité, pour les rendre plus efficaces. Investir dans la formation et l’équipement est important ; mais à cela devra s’ajouter prioritairement l’amélioration des conditions de vie du militaire ou policier qui le motivera à agir avec professionnalisme.
  4. Décourager (Ouvrir des actions en justice contre) les hommes politiques présumés créant ou entretenant des groupes armés. Les hommes qui se servent des groupes armés pour accroitre leur influence politique et le contrôle politico sécuritaire de certains milieux doivent être découragés et poursuivis.
  5. Plaider pour la reconfiguration de la Mission de maintien de la Paix, la Mission de l’ONU pour la Stabilisation de la RDC, MONUSCO en sigle. Il faudra partir d’un égard évaluatif et une attention particulière sur son personnel et les pays contributeurs pour plus d’efficacité, d’efficience et de viabilité.
  6. Mettre en place (ou rendre opérationnel) un Commissariat spécial pour le suivi des activités de la MONUSCO en tant qu’opération de maintien de la paix. Il s’agit bien d’un service étatique spécialisé pour coordonner et renforcer les mécanismes nationaux de suivi des activités de la MONUSCO, mais aussi d’appropriation nationale des acquis de la MONUSCO.
  7. Doter le pays d’un Plan de paix. Une sorte d’architecture de paix pouvant accueillir les différentes interventions en faveur de la paix en RDC. Pour éviter des interventions sporadiques et non cadrées aux résultats éphémères.
  8. Instituer la Commission Paix et Réconciliation. Il s’agit d’un cadre institutionnel pouvant amener les Congolais à se dire la vérité, demander pardon, rendre justice et assurer la réparation, pour la restauration de la paix, la cohésion et la promotion du vivre ensemble. Il s’agit d’une Commission Paix et réconciliation qui dans sa dénomination au regard de la mission et du contexte congolais est mieux exprimée qu’une « Commission Vérité et réconciliation » connue par le passé.
  9. Monter des programmes de promotion de la culture de la paix et du vivre ensemble pour le renforcement des relations entre populations, communautés ou groupes ethniques dans les provinces fortement affectées par des conflits.
  10. Redéfinir une nouvelle politique de désarmement et réinsertion communautaire qui notamment tient compte également de l’amélioration des conditions économiques des communautés d’accueil des ex-combattants et particulièrement des jeunes désœuvrés du milieu.
  11. Promouvoir une stratégie de participation sécuritaire active des leaders locaux volontairement, en appui et sous l’encadrement des services spécialisés, pour notamment servir d’alerte rapide et conséquente en cas d’attaques contre les civils, dans les régions les plus fragiles. Le congolais ne comprend pas comment les dirigeants continuent à observer impuissamment ses populations civiles égorgées sans prendre des mesures innovantes (Ituri, Nord-Kivu (Béni), Sud-Kivu, etc.).
    En clair, le contexte exige la formation, l’organisation et équipement (dotation en armes légères) des leaders volontaires à la base (prêtres, pasteurs, directeurs d’école, leaders locaux de la société civile, chefs de quartier) afin de participer à leur propre sécurité et à la construction de la paix dans leurs milieux, particulièrement dans les zones envahies par les groupes armés qui tuent des populations civiles avec des armes blanches. Ils serviront de lanceurs d’alerte. L’ordonnance-loi 85-035 du 3 septembre 1985 portant régime des armes et munitions peut inspirer.
  12. Créer ou rendre opérationnel un service civique pouvant notamment assurer à la jeunesse (notamment universitaire) une formation paramilitaire d’autodéfense et civique. Ce service est une réponse efficace aux défis liés à l’encadrement de la jeunesse, à la discipline, l’amour du pays et peut bien servir d’une force de dissuasion et de réserve. En principe, ce service civique serait obligatoire, mais le contexte congolais ne le permet pas. (Il devra être très pratique et souple pour ne pas peser lourdement sur le budget du pays.)
  13. Reformer et restructurer l’armée, la police et les services spécialisés, notamment :
  • Promouvoir les officiers reconnus pour leur intégrité, l’efficacité et l’amour du pays ; ils existent, il suffit de les identifier et les promouvoir.
  • Muter pour d’autres régions tous ces officiers et agents de sécurité qui pendant deux décennies ne font que tourner dans les provinces à conflits dans l’Est du pays.
  • Mettre en place une cellule spécialisée de lutte contre l’affairisme des officiers militaires dont le phénomène « opérations-retour », gonflement des effectifs, détournement de solde ou ratio alimentaire et autres antivaleurs qui minent les services de sécurité.
  • Sanctionner les brebis galeuses au sein ces services spéciaux.
  • Promouvoir la culture de la méritocratie (qualité, formation, bravoure, parcours, engagement patriotique) dans la promotion des officiers.
  1. Effectuer une profonde mise en place au sein de l’ANR (Agence Nationale des Renseignements) pour en faire un véritable outil apolitique de renseignement et sécurité nationale qu’un outil de répression, d’intimidation et de rançonnement des citoyens.
  2. Nommer de nouveaux administrateurs des territoires et les bourgmestres en attendant l’organisation des élections locales et municipales. Ces nouvelles autorités à la base contribueront certes à l’effectivité de l’autorité de l’Etat, de la cohésion et à l’amélioration de la gouvernance (dont la gouvernance sécuritaire) à la base. Il faudra avoir un regard tourné vers de nouveaux cadres, particulièrement vers la jeunesse.
    Kinshasa, le 24/02/2021
    Bienvenu KARHAKUBWA NAM’EBIGABA
    Chercheur en Paix et Développement
    Ambassadeur de la Paix
    Président du Centre Africain de Paix et Gouvernance (CAPG)
    Membre du Directoire National du Conseil National de la Société Civile (CNSAC)
    Tel. +243808000064 centreafricainpg@yahoo.fr  ; bienvenukarhakubwa@ yahoo.fr « 

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