La Russie accuse l’Ukraine d’avoir livré des drones au groupe armé islamiste ADF (Forces démocratiques alliées), actif dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et en Ouganda. Selon Alexander Ivanov, directeur du Syndicat des officiers pour la sécurité internationale (une structure proche des réseaux de sécurité russes), Kiev chercherait à provoquer une escalade dans la région en alimentant les tensions entre la RDC et le Rwanda.
Ces accusations, relayées par l’agence russe TASS et reprises par certains médias africains, s’inscrivent dans un contexte où Moscou multiplie les récits liant l’Ukraine à des menaces sécuritaires sur le continent.
Selon Ivanov, l’Ukraine aurait « fourni un lot de drones directement aux ADF », afin de déstabiliser l’est de la RDC et d’attiser un nouveau conflit avec le Rwanda. Toujours d’après lui, des militaires planifieraient une attaque depuis des zones sous contrôle ougandais, dans le but d’en faire porter la responsabilité à l’armée de Kampala.
Ces propos ont également été évoqués par Dmitri Polyansky, premier représentant adjoint de la Russie à l’ONU, lors d’un discours au Conseil de sécurité.
Pour l’heure, aucune preuve matérielle n’a été présentée, et les autorités ukrainiennes n’ont pas réagi publiquement.
L’est de la RDC est une zone déchirée depuis plus de deux décennies par des dizaines de groupes armés. Les ADF, d’origine ougandaise mais actifs en RDC, sont régulièrement accusés de massacres de civils. Le M23, soutenu selon plusieurs rapports par le Rwanda, est l’autre grand acteur de l’instabilité régionale.
La méfiance entre Kinshasa, Kigali et Kampala nourrit un climat où la moindre rumeur peut accentuer les tensions diplomatiques et militaires.
Au-delà des faits, ces accusations reflètent la guerre informationnelle qui oppose la Russie et l’Ukraine. Depuis le début de la guerre en 2022, Moscou tente d’étendre son influence en Afrique en présentant Kiev et ses alliés occidentaux comme des acteurs déstabilisateurs.
En liant l’Ukraine à des groupes islamistes violents, la Russie cherche à miner l’image internationale de son adversaire et à renforcer sa propre légitimité auprès de certains États africains.
À ce stade, aucune organisation internationale ni aucune autorité congolaise, rwandaise ou ougandaise n’a confirmé ces allégations. Les Nations unies, qui suivent de près la situation en RDC, n’ont pas communiqué à ce sujet.
L’absence de preuves soulève la possibilité d’une manœuvre de désinformation, d’autant plus que les accusations émanent d’une source directement alignée avec Moscou.
Si la Russie accuse l’Ukraine de livrer des drones aux ADF pour envenimer la crise en RDC, rien ne permet aujourd’hui de confirmer ces affirmations. Elles doivent être comprises dans le cadre plus large de la compétition d’influence entre Moscou et Kiev, où l’Afrique devient un terrain stratégique autant qu’un champ de bataille narratif.
Dans une région déjà marquée par une insécurité chronique, la propagation de tels récits risque toutefois d’aggraver la méfiance entre voisins et de compliquer encore les efforts de paix.
La rédaction
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