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RDC-RWANDA : EWING AHMED SALUMU vient de taire pour de bon le débat sur les frontières de la RDC lancé par Paul Kagame grâce aux faits historiques indéniables et irréfutables : Deuxième crise de frontière 1914-1918 avec la perte de la neutralité de l`EIC ( Chronique)

Une Chronique de Ewing Ahmed Salumu

Le 04 juillet 1914, la Belgique est attaquée par l’empire Allemand. Les deux pays européens ont en même temps des territoires ou colonies sur le continent africain. Le risque d'une extension du confit ou de la guerre en Afrique devient possible. L'Etat Indépendant du Congo espère ne pas entrer dans ce conflit avec l’Empire Est-Allemand en Afrique et compte sur sa neutralité volontaire et perpétuelle selon sa déclaration du 1er Aout 1885. La colonie refuse ainsi de s‘engager dans la guerre et tient, avant toute chose, à préserver les acquis des négociations, entre deux équipes, qui avaient conduit à la formation des frontières actuelles (En 1910) sous la houlette du ministre d’Etat Van den Heuvel côté belge et par Ebermaier, côté Allemand.


Crise des frontières


On se souviendra qu’en 1899, l‘Etat indépendant du Congo avait perdu une partie de son territoire de l’Est de la Ruzizi dans les négociations de Luberizi et Venehuza. Le commandant Célestin Hecq avait ainsi amputé l‘EIC d’une partie de son territoire au profit de l’Allemagne. Il fallait, pour les Belges, à tout prix éviter que l‘Allemagne ne vienne de nouveau occuper une partie du territoire de l’EIC au-delà du lac Kivu et de la rivière Ruzizi. C’était sans compter sur les Allemands qui lorgnaient toujours des terres vers l‘ouest du lac.
Comme l’avait si bien prédit le comte Von Götzen, les Allemands ne supportaient toujours pas ne pas avoir les îles du lac Kivu et surtout la grande île Idjwi. Les conseillers du mwami du Ruanda, ainsi que les colonisateurs, voulaient toujours avoir les îles du lac Kivu malgré le fait que Mwami Musinga avait été consulté pendant le tracé de la frontière actuelle. Mwami Musinga connaissait bien les villages qui répondaient au tambour du Ruanda car il avait beaucoup voyagé avec son père Mwami Rwabugiri IV. Il savait aussi que l'île Idjwi et les autres dans les alentours ne faisaient pas partie du Ruanda ancien. Le début de la grande guerre de 1914 est donc une opportunité pour relancer la questions des frontières.

L’offensive Allemande

Pour attaquer le Congo, les Allemands trouvent, tout de même, une excuse avec la prise de Zinga par les Français dans la nuit du 7 au 8 Aout 1914. C'est le début d'une nouvelle crise des frontières. Les troupes Allemandes attaquent la ville d‘Uvira en date du 15 Aout 1914 ; de Baraka et quelques jours après le port de la Lukuga (Albertville) en date du 22 aout 1914 et en même temps coulent le bateau Alexandre Delcommune. Sur le lac Kivu un bateau à moteur est armé par les Allemands et attaque tous les postes. Du 19 au 22 septembre 1914, les Allemands facilitent les incursions des indigènes watusi qui font des razzias et pillent des vaches qu’ils ramènent ensuite au Rwanda. Il reste Idjwi qui était la cible principale.

En l’absence du docteur Kandt, résident Allemand du Rwanda, c’est son second, le capitaine Hauptmann Wintgens qui décide, en date du 24 septembre 2014, de réquisitionner un canot moteur des missionnaires et va à la conquête de l’île d’Idjwi qu’il va occuper. Sur la Ruzizi, le poste de Luvungi est attaqué le 27 septembre 1914. L’Etat Indépendant du Congo qui refusait de participer aux hostilités se retrouve ainsi en pleine guerre, et en même temps sans une grande capacité de riposte.

L’Allemagne a une supériorité militaire, la maitrise du Lac Kivu ainsi que du Lac Tanganyika.

Les difficultés militaires

Sur le lac Kivu les Allemands pouvaient attaquer Katana la veille et le lendemain attaquer Goma grâce à une vedette et des baleinières. Les Belges n‘osaient pas s’aventurer sur ce terrain-là. Il fallait attendre le 16 mars 1916 avec l‘arrivée des armes lourdes notamment la canonnière Paul Rankin, un pompon 37 m/m et une mitrailleuse, pour pouvoir repousser les Allemands. La reprise de l'île d‘îdjwi est possible le 10 avril 1916. C’est le début de la maîtrise du Lac Kivu.
La contre-offensive pour le contrôle du lac Kivu est partie du village de Sake.

Sur le lac Tanganyika le contrôle Allemand est total grâce aux vapeurs armés Hedwige von Wissmann et Kingani ainsi que le Von Götzen. Avec ces 3 bateaux le contrôle de plus de 600 km de rivages est possible aux Allemands. Les troupes au sol sont aussi approvisionnés par le chemin de fer. Un hic pour les Belge:

Comment faire pour battre les Allemands qui disposaient d‘une base navale à Kigoma ? Il fallait créer une base navale Belge en face de la base Allemande de Kigoma. Le lieu fut choisi à l’intersection de la Lukuga (4km) et du lac Tanganyika. Ce fut le début de la construction de la ville de Albertville aujourdhui connue comme ville de Kalemie. La construction de la base fut confiée au Major Stinglhamber, au Lieutenant-colonel Moulaert et au commandant Odon Jadot. Le nom de Jadot sera donné à la ville de Jadothville connue aujourd’hui comme Likasi.

Sur terre, les Belges rencontrent beaucoup des difficultés d’approvisionnement. Pour parer aux problèmes rencontrés sur le terrain, l’EIC va aligner jusqu’à 80.000 noirs, indigènes, et commencer une course contre la montre face à un ennemi redoutable. De ce nombre des noirs vous avez 10.000 combattants et 70.000 porteurs. Il s’avère que plus au moins 15.000 porteurs avaient laissé la vie sur la route. L’image qui est resté des porteurs est une photo prise à Rutchuru sur laquelle on voit une mère portant un bébé, un nouveau-né, sur sa poitrine et sur sa tête les charges militaires. Ils sont les oubliés de la victoire militaire Belge sur les Allemands en Afrique.

Les Belges devaient aussi contrôler l’espace aérien. C’est ainsi que le général Tombeur demanda des hydravions. La réponse fut immédiate: Londres accorde 4 hydravions avec un chef d’escadrille, des pilotes et des mécaniciens. Ce groupe quitte l’Angleterre, le 1er Javier 1916 en destination du Congo. Une fois au Congo, les avions entrent en hostilité et commencent avec les bombardements des cibles bien identifiées. Le 10 juin 1916, les pilotes Behaeghe et Collignon attaquent le bateau Graf Von Götzen. Ce bateau est sérieusement endommagé et coulé par son équipage le 27 juillet 1916.Le bateau Kingani est capturé et le Hedwige von Wissmann détruit. Le contrôle du lac Tanganyika est effectif et à partir de ce moment-là s’ouvre une contre-offensive sur la base navale de Kigoma ainsi que d’autres places fortes en Tanzanie.

La contre-offensive

Militairement les préparatifs et la guerre elle-même a été rude. Stratégiquement, le divisionnaire Tombeur crée deux brigades : la brigade du Nord ou brigade du Kivu commandée par le Colonel Molitor. Ce dernier est celui qui avait capturé la ville de Kigali avec le concours des troupes (4 bataillons qui avaient une batterie lourde) parties de Goma. L'autre Brigade est la brigade du Sud, commandé par le Major Olsen, celui-là même qui avait fondé le poste de Nya-Lukemba qui deviendra la ville de Bukavu. Le commandant Olsen reste sur la pointe de la Ruzizi car il y avait un détachement allemand à Cyangugu sous les ordres du major Von Langen. Ce dernier avait aussi la supervision de la ville de Bujumbura. L'objectif est, le moment venu, de traverser la rivière Ruzizi et d‘avancer j’usquà Nyanza, la place forte traditionnelle qui est aussi le siège des institutions coutumières et le lieu où se trouve la cour du Mwami Musinga.

Pour recouvrer ses frontières déjà violées, l’Etat Indépendant du Congo dispose les troupes sur plusieurs points et prépare sa contre-offensive. La Brigade Nord dont le 4e régiment et le 14ème bataillon se rassemblent au Mont-Goma à Goma et à Lubafu et autres villages. Le 15ème bataillon trouve sa base à Kibati tandis que le 3e régiment reste à Rutchuru. Pour la brigade du sud, le 1e régiment se forme à Kilawa non loin de Nya-Lukemba et le 2e régiment à Luvungi.

La contre-offensive commence le 25 avril 1915 par la brigade du Nord et conduit à la prise de Kigali. Le 28 mai Gisenyi est libéré, et le 15 juin le Lieutenant-colonel Henry occupe Lubafu et Mirasano. La Brigade du Sud, elle, part de Nya-Lukemba avec lappui du Paul Rankin et débarque sur Gombo et attaque Cyangugu par le nord. Le Major Muller, sous les ordres de Olsen, s’y attelle. D’autres troupes partent de Luvungi, Mafuta Mingi et Mayi Ya Moto. La brigade du sud avance et combat jusqu’à la chute de Nyanza du 19 mai 1916. Mwami Musinga et sa cour vont directement se soumettre aux autorités militaires Belges. Le drapeau Belge est planté en signe de Victoire. Une fois Nyanza apaisée, stabilisé, le Major Olsen et ses hommes continuent la poursuite de l’ennemi.

Les troupes Belges vont continuer à traquer et se battre jusqu’à la prise de Bujumbura et poursuivre la bataille vers Gitega. Cette contre-offensive finit par une victoire triomphale et éclatante des troupes Belges avec la prise de Tabora le 19 et 20 septembre 1916. Les opérations ont duré 5 mois ; commencées en avril 1916, elles prennent fin en septembre 1916.
 
Cette victoire sur l’Empire Est-Allemand en Afrique permet ainsi de mettre fin au conflit frontalier qui s’est ouvert avec l‘attaque de Lukuga, Uvira, Baraka et par l’occupation de l‘île d'Idjwi par les forces allemandes. La victoire de la Belgique ouvre un nouveau chapitre qui n‘est autre que celle de la tutelle : La Société des Nations, parents de l’ONU, passe le contrôle du Rwanda et le Burundi à la Belgique

Par Ewing Ahmed Salumu

3 mars 2023

La rédaction


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