Le Programme de désarmement, Démobilisation, Relèvement communautaire et Stabilisation, P-DDRCS qu’elle dirige depuis presque un an au Sud-Kivu sa Province natale, ses ambitions politiques déclarées ou présumées, ses relations politiques avec les hautes sphères du pays, ses actions philanthropiques à l’endroit des nécessiteux dans cette ville de Bukavu qui a bercé sa tendre enfance, forgé sa jeunesse, aiguisé sa détermination à bouger les ligne, Grâce NGABO MUGERANGABO, la self-made woman a enfin décidé de se confier à bâton rompu, contrairement à ses habitudes aux questions des journalistes.
Son ascension fulgurante dans l’opinion publique a quelque peu déclenché un petit tsunami politico-médiatique dans le microcosme politique Sud-Kivutien au point que l’on serait tenté d’assimiler cela à de la fixation sur la personne de cette trentenaire qui aujourd’hui monopolise le débat politique à Bukavu.
Interview exclusive de la Coordonnatrice provinciale du P-DDRCS en marge de sa mission de travail à Kinshasa.
Ce matin du 15 juin 2023, il fait un ciel gris à Kinshasa lorsque notre rédaction va à sa rencontre dans ses bureaux privés, au croisement des avenues 24 novembre et Nyangwe, Commune de Lingwala dans la capitale congolaise.
Mashariki: Madame la Coordonnatrice qu’est-ce que ça vous fait comme sentiment de piloter un Programme aussi stratégique que le P-DDRCS ?
Grâce Ngabo: Si c’était du temps de ma fringante jeunesse, j’aurais volontiers attribué cela à un accident de la destinée. Mais sachez bien que mon obstination à servir mon pays, à lui consacrer toute mon intelligence et mes forces a fini par me donner la conviction que c’est une tâche pour laquelle je m’étais vraiment préparée. Loin de moi l’intention de faire l’apologie de mon parcours, j’estime que mon passé en tant que conseillère du Vice-premier ministre, Ministre de l’Intérieur et sécurité et de diplômée du Collège des Hautes études de Stratégie et de Défense, CHESD constitue en soi un background qui me permet de mener à bien ma mission. En dépit du contexte difficile que nous connaissons pour la mise en œuvre effective du Programme.
Mashariki: Donc en liminaire, vous reconnaissez que le Programme a du plomb dans l’aile pour décoller véritablement ?
N.G: Mais ce n’est un secret pour personne. La situation sécuritaire que traverse le pays particulièrement dans les Provinces pilotes du P-DDRCS, à savoir l’Ituri, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu ne nous facilite pas vraiment la tâche pour entamer le processus de désarmement et de démobilisation des éléments des groupes armés. On en connaît qui sont prêts à se rendre et rejoindre le processus et d’autres groupes sont réfractaires. Mais nous continuons des efforts notamment avec des activités de sensibilisation et nous espérons atteindre des meilleurs résultats dans le moyen terme. D’autre part, il y a aussi une sorte d’hésitation de la part des bailleurs de fonds qui en dépit de leur engagement à nous accompagner, traînent les pieds à nous apporter leur assistance pour la mise en œuvre effective du Programme. Cela ne nous décourage pas pour autant et notre détermination à remplir loyalement la mission que nous a confié la plus haute autorité du pays reste elle aussi sans équivoque.
Mashariki: Dans un premier temps et avec ce tableau que vous venez de peindre sur le Programme, êtes-vous optimiste quant à la suite?
N.G: Absolument et pourquoi ne serai-je pas optimiste Monsieur le journaliste ! Dans la mesure où depuis notre avènement à la tête du Programme nous nous efforçons, mon équipe et moi à donner vie au P-DDRCS. Il y a onze mois, nous nous sommes employés à installer le Programme, l’Autorité provinciale nous a attribué des locaux qui abritent nos bureaux. Nous avons élaboré et pré-validé notre Plan Opérationnel Provincial et doté notre Programme de tous les instruments nécessaires pour sa mise en œuvre et à ce jour nous comptons plus de 864 éléments des groupes armés qui se sont rendus et qui attendent le processus de leur démobilisation, leur réinsertion et leur réintégration. Au moment où nous parlons, une équipe conduite par mon adjoint en charge des opérations séjourné à Uvira pour sensibiliser les communautés bénéficiaires à l’acceptation et l’appropriation d’un projet pilote de réinsertion financé dans le cadre du Fonds de cohérence pour la Stabilisation. Je pense qu’avec un tel bilan encourageant surtout dans le contexte qui est le nôtre, il y a lieu d’être optimiste quant à la suite.
Mashariki : Pourtant on vous taxe de tous les maux en disant qu’on ne vous voit jamais sur terrain
N.G: C’est de la mauvaise foi tout simplement. Je coordonne une équipe vertébrée et nos différents partenaires savent réellement ce qui se fait. Pour le reste, les agitations de ceux dont le visage de Grâce Ngabo donne des cauchemars ne peuvent m’impressionner outre mesure.
Mashariki : Au-delà de vos fonctions étatiques, vous êtes aussi une femme engagée politiquement. Des ambitions pour les scrutins à venir?
G.N: Effectivement. Je le confirme. En citoyenne congolaise jouissant de la plénitude de mes droits civiques et politiques, je suis cadre disciplinée de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Et je ne crois pas qu’en tant que telle, cela m’empêche de jouer pleinement mon rôle en tant que responsable d’un service public pour autant que cela n’est pas incompatible. Et si demain, ma base arrivait à me suggérer de briguer un poste électif, pourquoi ne pas tenter?
Mashariki: C’est ce qui justifierait alors les nombreuses actions que vous multipliez aujourd’hui à Bukavu et en Province, Madame
N.G: Il est dommage que les gens soient habitués à politiser tout à Bukavu. Avant d’entrer en politique, je suis toujours intervenu dans le social. Je suis à la tête de mon Asbl Initiative Ngabo Grâce (IGN) pour aider mes frères et sœurs à se relever. Partie de rien j’ai créé toute petite une PME « Mama Africa« qui emploie aujourd’hui plus de 45 personnes ici au pays. Était-ce pour des raisons électoralistes ? Je considère ces médisances comme une expression de la peur de la part de ceux qui demain craignent de faire challenge avec moi. Mais s’ils estiment que leurs actes séditieux suffiront pour impacter ma détermination, alors ils devraient s’armer de beaucoup de patience.
Mashariki: Donc vous tenez ces gens responsables de la campagne de diabolisation orientée contre votre personne?
N.G: Je leur laisse le loisir de le faire pour autant qu’ils se plaisent dans ce petit jeu. Je ne vois vraiment pas ce qui saurait me détourner de mes objectifs. Je suis une Jeanne d’Arc des temps modernes, dotée d’une foi des bâtisseurs des cathédrales quand j’entreprends quelque choses. On veut se mesurer les uns vis-à-vis des autres, À la bonne heure! On me retrouvera là, débout, prête pour combattre.
Mashariki : On vous impute tout de même la tentative de spoliation du Cerle sportif de Labotte, que répondez-vous?
N.G: Je comprends qu’il y ait des gens qui soient obsédés par ma personnalité vraiment avec une constance qui appelle l’admiration. Je considère tout simplement cela comme de la fixation. Les personnes qui parlent de la militarisation du cercle sportif de Labotte et qui la réduisent à la création du P-DDRCS doivent avoir séjourné à Bukavu pour la dernière fois pendant la période de la pierre taillée pour ignorer que ceci date de 2004 lorsque l’ancien Président Joseph Kabila y avait installé son quartier général. Mais bon, passons sur le ton, Grâce Ngabo n’est pas une populiste. Mes service ont, avec ma bénédiction apporté des éclaircissements quant à ce et je ne vois aucun commentaire à y ajouter.
Mashariki: Comment Grâce Ngabo entrevoie-t-elle son avenir?
N.G: Un avenir radieux. Je suis de ceux qui, avec la discipline personnelle et ma croyance en la dynamique collective qui cultivent l’esprit du communautarisme pour le bien de la cité. Et je me battrai toujours pour l’émergence d’une société plus juste où chacun a les mêmes chances de donner un sens à son existence.
Mashariki: Je vous remercie Madame Ngabo Mugerangabo Grâce pour cette exclusivité.
N.G: Monsieur le Journaliste, c’est plutôt moi qui vous remercie pour cette opportunité qui à coup sûr me donne l’opportunité de faire découvrir au monde qui suis-je réellement.
Propos recueillis par Jean-Serge Borauzima, Envoyé Spécial
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