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RDC/ SÉCURITÉ : Qui arme réellement le CODECO en Ituri et d’autres milices en RDC?

La question est sur toutes les lèvres depuis la démonstration du spectacle mécréant de la milice CODECO dans les rues de Bunia. Qui arme CODECO ainsi que plusieurs autres milices en RDC?

On n’hésite pas de pointer certains officiers des FARDC, les Présidents Kabila et Kagame comme d’habitude en voulant  prenant le raccourci.

Avant de répondre à cette question complexe, il est important de décrire la nature même de cette milice. Contrairement à ce que l’on puisse penser, CODECO n’est pas une rébellion mais une milice communautaire comme tant d’autres qui écument l’est de la RDC. On remarquera aussi que certaines personnes refusent catégoriquement, par honte et/ou mauvaise foi, le terme milices « ethniques/communautaires ».

En tant que telle, CODECO utilise plus la technique de la guérilla urbaine et rurale en s’attaquant à des villageois souvent à l’arme blanche et en incendiant des villages entiers. CODECO excelle dans l’art du sabotage et de la terreur. En clair, CODECO attaque par petits groupes avec quelques éléments disposant de quelques armes souvent AK-47 pour appuyer ceux qui ont des armes blanches. Ils portent souvent des tenues débrayées qui les confondent avec la population civile. Ils disposent de deux atouts considérables, à savoir le soutien de leur population et la connaissance du terrain. Cette forme de guérilla dans son mode opératoire empêche les FARDC et les Casques bleus de mener de vrais combats contre les miliciens.

Pour répondre à la question « Qui arme CODECO ? », il nous faut encore rappeler ce reportage documentaire de la chaîne Arte datant de 2007 qui renseigne que plus de 2 millions de fusils d’assaut circulent dans l’est de la RDC sur les 700 millions dans le monde et 14 milliards de balles sont produites par an. Entre 2007 et 2020, l’on sait combien de groupes armés ont vu le jour. En multipliant ce nombre par 5, l’on peut constater l’ampleur des dégâts humains et environnementaux ainsi que des dégâts collatéraux sur les populations de l’est du Congo.

De deux, les FARDC disposent-elles, dans leur logistique, de plus que cette quantité (nombre) de fusils d’assaut pour toute la république ou affectés à l’est du pays ? L’est de la RDC est infecté. C’est un vrai far west, un terrain propice aux groupes armés locaux et étrangers se servant de vrais problèmes sociaux pour s’implanter et faire du business.

Posons-nous enfin la question fondamentale suivante : Où sont parties les armes utilisées par les rébellions du RCD/Goma d’Azarias Ruberwa, RCD/K-ML de Mbusa Nyamwisi, RCD/National de Roger Lumbala, UPC de Thomas Lubanga, MLC de Jean-Pierre Bemba et autres groupes et milices armés ? Auprès de quelles autorités nationales ou étrangères tous ces seigneurs de guerre avaient-ils remis les armes avec lesquelles ils se combattaient ? L’on peut multiplier à l’envi ce genre de questions notamment pour le TPD et les éléments de Jules Mutebusi.

Comme le montre les photo où pose fièrement Innocent Kyana alias India Kween et d’autres dont dispose notre Rédaction depuis Gbado-Lite (Jean-Pierre Bemba), Nyaleke (Mbusa Nyamwisi), Aru (Jérôme Kakwavu), Isiro (Roger Lumbala), Kitshanga ( Laurent Nkunda) et plus près de nous, l’imposant dispositif militaire du M23 à Tshanzu/Rutshuru. L’est de la RDC, c’est le terrain de toutes les aventures militaires, un vaste champ pour tester les types d’armes.

Dans cette  responsabilité et ou irresponsabilité de certains compatriotes contre la nation, il m’arrive de me demander : « Comment avec le diamant du Kasaï et au Bandundu, des compatriotes comme Bimansha (BimSum), Fontshi ou le célèbre diamantaire Didi Kinwani n’ont pas monté des milices comme on le fait si facilement à l’est » ?
En clair, ce qui se passe à l’est et singulièrement dans le Nord-Kivu et l’Ituri répond de la guerre hybride. Avec une complicité congolaise, habituée à brouiller les pistes.

Le DDR, véritable tonneau des Danaïdes ?

Mais les armes n’arrivent pas seules à l’est du pays. Depuis le fabricant jusqu’à l’utilisateur, il existe tout un circuit dont la traçabilité échappe (par bonne/mauvaise volonté) à ceux qui sont commis au DDR.

Et comment fonctionne le DDR au sein de la MONUSCO, par exemple ? Cette question vaut son pesant d’or si on veut comprendre la problématique de l’insécurité dans l’est de la RDC. En principe, le combattant reçu par les responsables du DDRRR se fait accompagner de l’arme qu’il utilisait. Une fois l’arme remise, les responsables DDRRR cherchent d’abord le numéro de série et l’année de fabrication de cet engin mortel. Puis ils déterminent le pays de provenance ou de fabrication.

Que font-ils lorsqu’ils découvrent que l’arme vient des États-Unis ou de l’Allemagne, de la Grande Bretagne, bref des pays occidentaux ? Ils se taisent. Ils ne déclarent que des armes en provenance des pays de l’ancienne URSS ou de la Chine.

Le DDR, par cette attitude, perd de son efficacité pour ne devenir que l’ombre de lui-même. L’on comprend cette pratique à se protéger et à protéger les grands pays contributeurs.

Depuis la guerre du Rwanda, il est curieux qu’on n’ait pas trouvé une seule arme de fabrication américaine au Kivu. Or, les États-Unis, quand ils le veulent, fournissent des armes à des groupes armés qu’ils nomment des combattants de la liberté à travers le monde (cas du FPR/Rwanda). L’ayant compris, tout le monde accourt vers le DDR parce que cette structure, outre qu’elle génère de l’argent, détruit nos services de défense et sécurité par l’intégration et la reconnaissance en grade des miliciens, et ce, quel que soit leur niveau intellectuel.

Les armes circulent librement pour aggraver des conflits permettant aux grandes puissances d’en profiter (soubassement économique). Les trafics des armes se déploient partout où l’État est faible ou en faillite et où on observe l’impuissance de justices nationales.

Que trouve -t-on en Ituri ? Au simple, l’or, le bois et le pétrole. Mais il y a aussi du cacao exploité dans la région de Beni par des compagnies occidentales, du coltan et de la cassitérite pour les mêmes destinations. Ces richesses peuvent-elles susciter des convoitises et influer sur l’insécurité ?

D’où viennent les armes des groupes armés à l’est de la RDC ?

NDC-R, NYATURA, APCLS, MAZEMBE, KIFUAFUA, YAKUTUMBA, FRPI, CHINI YA KILIMA, ZAIRE, UHURU, RAIA, NGUMINO, M23, RUD, FOCA, ADF/MTM, YIRA, SIMBA, TSHIANDENGA…, tous ces groupes armés locaux et étrangers utilisent des armes de guerre. Elles passent par quel itinéraire pour atterrir à l’est du pays ? Porosité des frontières, incompétence et corruption des agents de l’État commis à la garde de nos frontières ?

Insouciance de la population pour dénoncer la fraude, la contrebande et l’insécurité transfrontalière ?

Naturellement, tous ceux qui ont réagi à mon article sur CODECO en posant le problème de l’armement seront déçus, mais l’avantage de cette réponse est de présenter la complexité dans la traçabilité des armes. Pour mieux cerner les problèmes de notre pays, il faut se poser des questions sur l’élite congolaise d’abord, celle qui anime la République des « professeurs ».

Nous sommes ce peuple qui a trouvé le bouc émissaire ailleurs et qui ne fournit aucun effort pour se relever parce que tout son malheur vient des voisins. Personne ne se demande comment procèdent nos voisins pour copier leur modèle, corriger nos erreurs et résoudre nos problèmes. Tout le monde sait qu’on ne peut bâtir une armée professionnelle avec des milices intégrées, mais l’on continue à exiger cette intégration. Et quand notre armée montre les failles d’une nation incapable de se prendre en charge, d’une élite corrompue et d’une diaspora des « combattants », incapable de plier les décideurs du monde, tout le monde crie au scandale. Chercher des musées où ils ont gardé leurs tenues militaires de rebelles, nulle part, on les trouve. Notre malheur, c’est Kagame et Kabila, répète-t-on.

Il faut revoir notre approche pour sortir du boulet qui nous attache à l’arbre de l’insécurité et des thèses du complot. Poser le problème des groupes armés (milices communautaires et rébellions) locaux et nationaux provoque du malaise. Les anciens seigneurs de guerre sont devenus de grands messieurs en costume et cravate. Ils ont des laboratoires sur les réseaux sociaux qui les défendent. Ils sont reçus dans des ambassades des pays qui dressent la liste des punis et jouissent de la liberté et de l’hospitalité leur offertes par les mêmes pays occidentaux.

Est-il normal qu’un (ancien) seigneur de guerre qui n’a jamais remis les armes dont il s’est servi pour tuer puisse désigner les FARDC comme auteurs de crimes commis sur la population ? Sauf si le ridicule ne tue pas. Ainsi est- il de notre responsabilité en tant que nation de procéder à l’exorcisme collectif pour que ceux qui savent, pour avoir géré des espaces en tant que marionnettes des parrains étrangers et avoir signé des contrats avec des trafiquants d’armes, aident l’État à lutter contre ce fléau qui provoque mort et désolation et déstabilise notre pays.

Ensemble, nous nous efforcerons de résoudre des problèmes à la base de nos conflits notamment fonciers comme pour la communauté Bbale (Lendu) en Ituri, Hutu et Nande, Mbuba et Nande (dans le Nord-Kivu), etc. et revisiterions la Loi Bakajika. De la sorte, nous éviterions de tomber dans le piège de manipulateurs, des trafiquants et marchands d’armes pour reconstruire notre pays. Par la justice d’abord et la réconciliation nationale.

Masharikirdc


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