Par Ewing Ahmed Salumu
Depuis mi-avril 2023, les autorités rwandaises revendiquent des terres du « Ruanda ancien » qui seraient au Congo. Une déclaration qui met les réseaux sociaux congolais en ébullition. Les internautes concluent que « le Rwanda présente enfin son projet de balkanisation de la RDC ». Ces déclarations suscitent aussi des vives réactions dans la classe politique congolaise alors que le mouvement rebelle du M23, soutenu par le Rwanda, occupe un territoire beaucoup plus grand en superficie que le Rwanda. La cité frontalière de Bunagana et les villages environnants sont sous contrôle rebelle. Le gouvernement congolais a perdu toute son autorité dans ce secteur.
Les déclarations Rwandaises devraient pousser les Congolais à approfondir la réflexion sur la question des frontières héritées de la colonisation sans les lunettes politiques. Il est tout aussi utile de comprendre comment les frontières ont été formées et identifier les frontières traditionnelles ou précoloniales. L`autre question est : Le discours du président Kagame et de toute la classe politique rwandaise est-elle nouvelle ?
Revendications continuelles des terres
La question des supposées « terres « Rwandaises au Congo » trouve, peut-être, des réponses non pas en politisant le débat, mais en croisant les sources et en interprétant les données le plus objectivement possible. En fouillant les archives, nous trouvons que la réclamation « des terres dites Rwandaises » au Congo n’est pas nouvelle. Le Président Kagame n’est pas le premier et ne serait pas le dernier à le déclarer.
C’est une question qui revient souvent et selon les époques. Mais chaque déclaration de ce type est suivie par des évènements dans la sous-région. Il y a donc en ce sens un but précis. Le premier officiel Rwandais qui a publiquement réclamé la terre n`est autre que le Mwami Yuhi Musinga (enterré à Moba au Katanga).
Dans les années qui précèdent la première guerre mondiale en Afrique, Musinga écrit aux Allemands en les encourageants d’aller en guerre contre les Belges en Afrique. La même période, une telle information circule au BUSHI. Il est dit que les blancs plus fort que les Belges vont arriver pour chasser les premiers colons Belges ( Cfr notre précédente publication: Ruzizi-Kivu la résistance hier et aujourd’hui. En lisant la correspondance du Mwami, vous apprenez que ce dernier dit aux Allemands que: « Vous pensez que j’aime les Belges plus que vous; ou les Anglais plus que vous ? Les Belges sont arrivés à Ishangi et ont tué des Banyarwanda et ravissent des vaches.
Ils ont également pris des territoires dont Bwisha, Gisigari, Bunyungu et le Bugoyi. Ils ont pris les terres et défendu aux populations de s’acquitter des obligations -ubuhake-. Si vous entrez en guerre contre les Belges ce sera dans mon intérêt. En clair, Mwami Musinga et sa cour incitent les Allemands à aller au-delà des limites territoriales jusqu’à entrer dans la partie en des terres en contestation selon le tracé de 1884 (cfr publication EIC-Ruanda Allemand : première crise de frontière 1899).
Il faut noter que cette sortie de Mwami Musinga n’est juste que la suite des frustrations au niveau de la cour du Ruanda. Bien avant c’est son demi-frère, Mwami Mibambwe IV Rutarindwa, successeur attitré de Rwabugiri, qui avait commencé à parler des terres à réclamer à ses conseillers. A la mort de Rwabugiri, Mwami Musinga démet brutalement et violement son frère dans ce qui deviendra le coup d’état du palais de la Ruchunchu.
Vous trouvez dans la littérature que Mwami Mibambwe IV Rutarindwa (Mort en 1896) n’a jamais accepté de voir les Belges s’établir sur ce que lui considère comme « les frontières du Ruanda ancien ou Traditionnelle » à Ishangi ensuite à Nyamasheke. Ces postes Belges avancés sont créés en 1896 et 1897 comme l’a su bien démontrer le Révérend Père Pages. Les deux postes Belges perturbent ainsi la route de l’approvisionnement des vaches pillées à Kabare.
Pour ouvrir cette voie cruciale pour le Rwanda, Mwami Musinga ordonne une attaque contre le poste d’Ishangi. Son officier célèbre son nom de Bisangwa, connu pour avoir survécu lors de l’attaque du camp du comte allemand Von Götzen, est chargé de mener les opérations. Bisangwa et une bonne partie des troupes laisseront la vie à Ishangi. C’est cette perte d’une partie de ses troupes que mwami Musinga dénonce dans sa lettre qu`il envoie aux Allemands.
Le commandant Sandrart qui avait la responsabilité de la fortification en palissade avait attendu l`assaut du camp pour donner le signal de contrattaque. En poussant les Allemands à aller en guerre contre les Belges, Mwami Musinga ne fait que réveiller en Afrique cette envie expansionniste qui existe déjà en Allemagne avec la politique mittelafrika et la weltpolitik qui conduira à la première guerre mondiale.
En réalité, il s’agit d’une ruse. Bourgeois explique que pendant l’occupation Allemande, Mwami Musinga avait l’administration du territoire. En ce sens Musinga veut utiliser la force militaire Allemande pour recouvrer un territoire qu’il prétend être sien et qu’il a connu lors des expéditions militaires avec son père Mwami Rwabugiri. Le Mwami avait ses enfants avec lui à chaque expédition militaire et c’est ce qui a permis aux Princes de combattre au Buhunde, à Sake, au Bushi et ailleurs.
C’est par exemple sous le règne du Chef Koru que le Prince Musinga et Mwami Rwabugiri arrivent à Kibumba. Le Chef-lieu s’étant soumis sans combattre, il évite une attaque de grande envergure contre son royaume. Kibumba se soumet mais ne s’est toutes fois pas annexé au royaume du Ruanda. Si Mibambwe Rutarindwa considère Ishangi comme une zone frontalière du Ruanda ancien, comment expliquer alors que Kamembe soit le territoire du Ruanda ancien ? Comment expliquer que Ibinja ou encore Birava soit un territoire du Ruanda ancien ?
Pour attaquer l’ile d’Idjwi, Rwabugiri avait mis son quartier général à Nyamasheke puis il a passé une année sur la colline de Nyamirundi pour mieux attaquer. L’ile d’Idjwi fut occupée et non incorporée dans le Ruanda ancien. La preuve qui confirme cette thèse est que à l’annonce de la mort de Mwami Rwabugiri, sa fille et ses lieutenants tous quittent directement Idjwi car il y a une révolte, un soulèvement des populations.
Cette revendication des terres refait surface juste avant et pendant les attaques de l’AFDL contre le Zaïre de Mobutu. Le 03 Octobre 1996, l’ancien Président Rwandais Pasteur Bizimungu fait une déclaration devant un parterre des journalistes et parle des terres Rwandaises qui auraient été cédées par l’acte de Berlin de de 1885. C’est le début d`une guerre qui n’a jamais pris fin.
La guerre de l`AFDL est restée continuelle malgré les négociations et autres colloques. Et aujourd’hui, c’est au tour du Ministre des Affaires Etrangères Vincent Biruta de faire les mêmes déclarations devant les journalistes Rwandais.
L`actuel conseiller du président en matière sécuritaire James Kabarebe a fait aussi les mêmes déclarations. Et pour finir, c’est au Président Rwandais lui-même de le déclarer devant le peuple Béninois.
L’expansion du Ruanda
Du Ruanda ancien au Rwanda actuel, nous ne pouvons retenir qu`une leçon : La superficie du pays est le fruit des conquêtes. Le Rwanda originel est le Nduga, un petit royaume qui a su absorber d’autres entités environnantes. C’est aussi la colonisation qui a pu incorporer certains royaumes hutus que sont le Busozo et le Bukunzi qui, trop longtemps, sont restés autonomes malgré les attaques des monarques du Ruanda.
De 1924 à 1927, le Busozo du chef Buhinga et Bukunzi du chef Ndagano sont soumis militairement par les Belges avant de passer sous le commandement de Rwagataraka.
Bourgeois dit que le Bukunzi était plus habité par un peuple originaire du Bushi. Le Busozo avait un groupe venu du Burundi et du Bufuliro. En fouillant la littérature, vous trouvez qu’en temps de crise les populations de Nyatende allaient chez Ndagano au Rwanda qui était autonome de la cour du Rwanda. Un adage dit que « le Rwanda attaque et ne se laisse pas attaquer ».
Ce qui est normal pour un pays avec une forte densité de population. Avec une surpopulation et des périodes de famines aigues, le pays est toujours en quête des nouvelles terres pour le pâturage et toujours en guerre pour le besoin d`extension.
L`histoire nous renseigne que les bamis du Rwanda, pluriel de mwami, se succèdent entre les rois pacifiques et les rois guerriers. Un mwami dit Kigeri est un guerrier car il a une mission de créer des richesses et agrandir le territoire.
Mwami Kigeri IV Rwabugiri, le célèbre de tous, a passé toute sa vie à combattre. Il est nécessaire de se demander où il est allé et quelles sont les territoires qu`il a conquis et annexé au Rwanda ancien ?
Nous remarquons aussi que Mwami Kigeri IV Rwabugiri meurt en 1895 sur l’ile congolaise d’Ibinja, alors qu’il revenait d’une bataille ou il est défait, battu par les bashi de Mwami Kabare.
La compréhension de la conception des territoires du Rwanda est la clé pour comprendre l`expansion.
Le Ruanda ancien a au départ une administration centralisée. Le Ruanda c’est d’ abord le noyau central. Ensuite sont créées des zones de contrôle et des zones des razzias. La zone de contrôle tout comme la zone de razzia ne font pas partie de l’administration centrale. La zone de razzias est une zone où le Mwami vient piller des richesses: des vaches en l’occurrence. C’est aussi une zone dans laquelle le mwami exige des cadeaux si le pays veut la paix avec le Ruanda. Vansina (1960) dit que le Rwanda est constitué d’un noyau central facilement reconnaissable. Autour de celui-ci on trouve une zone de conquêtes aux frontières fluides, elle- même entourée d’une zone d’action ou de razzia, dont l’étendue est encore plus vague.
Si ceci ne vaut pas pour les frontières orientales du pays qui sont fixées, c’est cependant remarquablement vrai pour l’ouest, où la conquête prend une forme de gouvernement différente dans chaque chefferie ». Toujours Selon Vansina (1960), il était impossible en 1900 d’avoir une limite exacte du Rwanda ancien pour la simple et bonne raison que tout est vague. L’histoire du grand Rwanda au-delà de ses frontières telle que racontée devient, pour certains auteurs, alors un mythe. Au-delà du lac Kivu et de la rivière Ruzizi, la population est restée autonome du Ruanda ancien et quand il y avait occupation, c’était de courte durée.
Prenons les zones limitrophes avec le Rwanda. Au Sud-Kivu, nous voyons que le chef Nyangezi n’est pas sous l’administration du Rwanda. Rwabugiri attaque Kilawa qui habite entre Bukavu et Nyangezi. Kilawa est un sujet de Kabare. La rencontre entre Kilawa et Rwabugiri de fait au niveau de Kikamwiriri, un village qui se situe entre Buntu Buzindu et la Ruzizi. Kilawa se soumet face à la force du monarque, mais il n’est pas incorporé au Royaume au Rwanda. En avançant vers Nyatende ou a eu lieu la guerre du chien cette partie est sous la cour du Mwami Kabare. Kajangu qui se situait sur le lieu connu aujourd’hui comme camp Saio est un sujet de Kabare de même que le chef Nyalukemba et son fils Nyamusenge.
Un peu plus loin le chef Hongo est un sujet de Kabare. Katana est une principauté autonome de Kabare et n’est pas sous l’emprise du Rwanda. Ainsi donc toute la partie de la rivière Ruzizi jusqu`à Katana n’est pas sous le contrôle de Rwabugiri. Pour illustrer le fait que tous les chefs cités ne sont pas sujets du Rwanda, il faut remonter à l’établissement du poste militaire de Nyalukemba. En 1902, une vingtaine des chefs et sous chefs du Bushi se soumettent devant les officiers Belges, Kilawa tout comme Hongo et Kajangu se soumettent comme des sous-chefs de Kabare.
Un autre exemple d’autonomie c’est quand Rwabugri attaque Kabare en passant par l’ile Ibinja à la recherche de Byateranya qu’il ne le trouve pas. Mwami Kabare est parti tôt avant l`arrivée des troupes du mwami Rwabugiri à Buntu Buzindu. La Mwamikazi Mugeni, mère de Rutaganda, est attrapée et tuée. Elle avait été trahie par Rugabo. Le royaume de Kabare ne sera pas incorporé au royaume du Rwanda. Ce n’est pas seulement Rwabugiri qui a tenté d’attaquer Kabare.
Au 15eme siècle Mwami Ruganzu Ndoori est en fuite des Nkore. Vansina dit que ce dernier vient avec armes, biens, femmes et enfants. Les bashi vont attendre le Mwami au niveau de Mururu, la colline qui surplombe la Ruzizi coté Rwandais. Il rebroussera son chemin. Mururu a toujours été habité par des bashi. Notons qu`avant les années 1950 avant l’inondation d’une partie du haut Ruzizi pour le besoin de la construction de la centrale hydraulique, la traversée de la Ruzizi se fait à pied. Selon Matthys Ngweshe a eu des alliances par le passé avec le Rwanda sans que soit un sujet du Rwanda ou son territoire un district du Rwanda. Selon ses écrits c’était une stratégie régionale de faire ce type d’alliance.
Vers le Nord-Kivu, les Barega dit abaryoko livrent une dernière bataille avec le Rwanda vers les années 1900. Ils refoulent des populations Rwandaises Bagoyi qui arrivent vers leurs territoires et les pourchassent loin à l’intérieur du Ruanda. En ce sens une bonne partie du Nord-Kivu reste une terre de contrôle du Ruanda et non une partie intégrante du Ruanda central.
Prenons un autre exemple comme celui de l’attaque du chef des Bahunde Muvunyi. Cette attaque se solde par un échec car Muvunyi déplace son bétail et se retranche avec tous ses hommes. Le Buhunde « garde ainsi toute sa liberté ». L’autre aspect est que partout dans l’ouest du lac et ou Mwami Rwabugiri essaye de tenter une annexion, la population se soulève.
La question est : comment un peuple qui lutte contre l’annexion et la soumission peut-il aujourd’hui être considéré comme soumis car Il n’y a ni soumission et ni annexion ? L’ambiguïté de l’histoire Rwandaise repose sur la conception du Rwanda au niveau de la cour.
Les Mwamis et ses hommes concevaient le Rwanda comme le monde entier. Ce qui apporte aujourd’hui beaucoup de confusion comme le Rwanda est en quête des terres dites traditionnelles.La thèse de terre traditionnelle n’est appliquée n’est surtout pas applicable en Ouganda. Le Burundi peut aussi demander une partie de son territoire.
Comme dit plus haut le Bukunzi était habité par les Bashi originaire du Kivu. La RDC peut aussi réclamer le Bukunzi, une partie du Busozo et une partie du Kinyaga en général. Des chercheurs ougandais se sont déjà penchés sur le sujet. Newbury essaie d’apporter plus de clarification à cette approche Rwandaise en disant qu`au-delà des intentions d’étendre des terres en dehors du Rwanda, la Cour recherchait aussi à maintenir et garantir l’unité interne. Et pour ce faire la définition du Rwanda dépendait des besoins politiques. Cette stratégie pousse la Cour à déclarer tous les Rwandophones comme faisant partie du Rwanda. Même ceux qui n’ont jamais accepté, ni soumis être à l’autorité Rwandaise étaient directement considérés comme Rwandais. Cette recherche continue d’exterritorialité du Rwanda n’a jamais marché.
Dans ses interviews faites en 1930, le révérend père Pages parle à un officier et ancien bras droit de Mwami Rwabugiri du nom de Birasenyeri. Selon l’administrateur de territoire Sevranckx, Birasenyeri a d’abord été un adjoint de Rwabirinda, le représentant du chef Rwidengebya homme de confiance du mwami Rwabugiri. Rwidengebya est aussi le père de Rwagataraka qui avait dirigé le Kinyaga et Kamembe quand Rugabo, qui avait participé au Kidnapping de la Mwamikazi de Kabare Mugeni, avait été déposé en 1917.
Lors des interviews Birasenyeri insiste avec fermeté sur un point : les conquêtes et batailles faites par Rwabugiri dans l’ouest ne sont que des souvenirs. Les terres retrouvaient l’indépendance juste après le départ ou le passage du monarque.
Des siècles durant en partant du Mwami Kigeri Ndabarasa jusqu`au Mwami Kigeri Rwabugiri, les Bukunzi et le Busozo ne sont restés que des terres hutues autonomes. Vous vous rendrez aussi compte que même le Kinyaga avec Kamembe sont des terres sous influences de la Cour mais avec une certaine autonomie et ça pendant des siècles. Les Bahutus de l’Ouest n’ont jamais accepté d’être domptés et être sous le contrôle du tambour royal. Bien que Rugabo soit originaire du bushi et chef de l’Impara, il n’avait jamais conquis le cœur des Bahutus, d’origine congolaise, dans cette région à l’est de la Ruzizi.
A l’ouest du lac, ce sont des royaumes de Kabare et Buhunde qui sont souverains. Nous voyons que Muvunyi, Mwami du Bahunde, tout comme Byateranya, Mwami de Kabare, sont des rois libres et non des sous chefs du Rwanda. Le Rwanda n’a jamais réussi à assimiler les territoires de l’ouest. Si l’infiltration réussit, il est surtout suivi par une colonisation de courte durée.
Vansina et De Heutsch notent que l’assimilation a toujours été impossible car les peuples se soulevaient. Comment un peuple qui se soulève et chasse les administrateurs étrangers fait partie du Rwanda ? Dubois, Sevranckx, Vansina et Pages note qu’en 1900 le Rwanda n’est pas un royaume uni avec un gouvernement central qui englobe tous les royaumes tel que présenté aujourd’hui.
Le Rwanda ancien c’est plus le noyau central ou Nduga et les périphéries du Nord et de l’Est. Les territoires situés dans l’ouest sont des royaumes rebelles et autonomes. Le passé influe le présent Comme démontré plus haut, nous nous rendons compte que, le narratif historique a toute sa place dans la communication actuelle et aura un impact significatif sur le conflit dans le long terme entre le Rwanda et la RDC. Ce même argumentaire revient si souvent dans des conversations avec les populations d`origines Rwandaises pour qui le Kivu c’est juste le Rwanda.
Certains dans la diaspora congolaise ont opté pour ce même narratif et considère les tribus de l’Est de la RDC comme d’origine Rwandaise ». Ces derniers ne savent pas qu’au Rwanda la tradition orale perpétue des épopées et des mythes qui font la fierté du Ruanda précoloniale et qui si souvent sont exagérées. Le développement du narratif historique des terres du Rwanda au Congo et toute la rhétorique actuelle du Rwanda liant le passé et le présent renforce la formation d’une mémoire collective, d’une identité nationale et l’unité derrière un leader visionnaire.
La réclamation des terres renforce cette dynamique de la formation de l’unité nationale qui se base sur un grand Rwanda qui aurait existé. L’utilisation du passé sert plus le besoin présent dans une logique idéologique dans un contexte déjà tendu entre la RD Congo et le Rwanda.
Ainsi, une adhésion populaire devient possible et la mémoire collective réactivée. Vous êtes-vous rendu compte du nombre d’articles publiés depuis que les revendications des terres ont commencé ? Le livre de Jan Vansina est depuis de plus en plus partagé que les dix dernières années. Nous pouvons juste conclure que le narratif historique impacte sur le quotidien et ses effets sont globaux et locaux. Glocal, comme dirait les spécialistes en Security Studies.
Ewing Ahmed Salumu