Le Bayern Munich a officiellement mis un terme à son contrat de sponsoring avec le Rwanda, jusque-là incarné par la campagne touristique « Visit Rwanda ». La décision, annoncée début août 2025, est l’aboutissement d’une mobilisation intense de ses supporters, lassés de voir leur club associé au régime de Paul Kagame, régulièrement accusé de violations des droits humains et de soutien au groupe armé M23 en République démocratique du Congo.
Depuis plusieurs mois, les ultras du Bayern exprimaient ouvertement leur rejet de ce partenariat, signé en 2023. Lors de plusieurs rencontres, des banderoles avaient fleuri dans les virages de l’Allianz Arena :
« Visitez le Rwanda ! Quiconque regarde avec indifférence trahit les valeurs du FC Bayern ! »
Ces messages visaient directement la direction du club, sommée de rompre ce contrat jugé « taché de sang ». Le mouvement a trouvé un écho plus large après la diffusion de lettres ouvertes d’ONG et même de responsables politiques, dont la ministre congolaise des Affaires étrangères, qui avaient interpellé les dirigeants bavarois sur leur responsabilité morale.
Face à cette pression, le Bayern n’a pas rompu totalement ses relations avec Kigali. Le club a choisi de transformer le partenariat en un accord axé sur le développement du football de jeunes. Le projet prévoit l’expansion de son académie au Rwanda et une coopération sportive jusqu’en 2028.
Autrement dit, l’image du Rwanda ne sera plus affichée sur les panneaux publicitaires ou dans les campagnes officielles du club, mais la collaboration se poursuivra dans un registre plus discret, centré sur la formation.
Cette décision marque une victoire majeure des supporters, qui rappellent ainsi que les clubs de football ne sont pas des entreprises comme les autres. Le Bayern, fier de son slogan « Mia san mia » (« Nous sommes nous »), a dû concilier ses ambitions commerciales avec les valeurs que revendiquent ses fans.
Elle illustre également une tendance de fond : l’exigence croissante de transparence et d’éthique dans les partenariats sportifs. Déjà, d’autres clubs européens sponsorisés par « Visit Rwanda », comme Arsenal ou le PSG, sont pointés du doigt.
Au-delà du cas du Bayern, cette affaire soulève une question plus large : jusqu’où les grandes institutions sportives peuvent-elles accepter des financements provenant de régimes contestés ?
Le football, sport le plus populaire du monde, est devenu un terrain privilégié de « soft power ». Mais la réaction des supporters bavarois montre que la passion des tribunes peut peser face aux intérêts financiers.
La rédaction
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