L’ancien Premier ministre et actuellement Sénateur, Augustin Matata Ponyo Mapon passe sa première nuit en détention, après deux jours d’audition dans l’affaire du remboursement des victimes des mesures de la « zaïrianisation ». Cependant en sa qualité de Sénateur n’ira pas en prison, mais il sera assigné en résidence surveillée
Le sénateur Augustin Matata Ponyo Mapon vient d’être mis, le 13 juillet, sous mandat d’arrêt provisoire (MAP) par le procureur général près la Cour constitutionnelle. L’ancien Premier ministre est poursuivi pour détournements des fonds. Matata Ponyo a été entendu, le 12 juillet, au parquet de la Cour constitutionnelle où il s’est présenté sur invitation du procureur général de cette institution judiciaire. Après près de cinq heures d’audition, le sénateur est rentré à la maison, avec obligation de se présenter le lendemain pour la suite de cette audition.
Des sources concordantes indiquent, par ailleurs, que cette poursuite de l’audition au 13 juillet s’est soldée par la mise sous mandat d’arrêt provisoire du sénateur Matata. L’ex-Premier ministre, rappelle-t-on, est poursuivi pour des faits de détournements de fonds, à l’époque où il était Premier ministre (2012-2015), en rapport avec l’indemnisation des victimes de la « zaïrianisation ». Il s’agit des étrangers, en majorité des Portugais et autres, qui avaient été expropriés dans les années 1973 et 1974. Il y a également à charge du sénateur Matata d’autres faits de détournements liés, quant à eux, au dossier du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo.
Le procureur de la Cour constitutionnelle a sollicité et obtenu du bureau du Sénat la levée de ses immunités et l’autorisation de poursuites contre lui. Alors que le président du bureau de la chambre haute du Parlement, Modeste Bahati, attestait avoir respecté la loi dans cette action contre le sénateur Matata Ponyo, le camp de l’ancien Premier ministre a crié à l’acharnement politique en lien avec les échéances électorales de 2023.
L’ancien Premier ministre a toujours réfuté les accusations portées contre lui par le procureur de la Cour constitutionnelle. Mais, pour ses détracteurs, malgré la sérénité qu’il affiche (il avait écourté son séjour de travail à Conakry pour affronter la justice congolaise), Augustin Matata a toujours évité d’affronter la justice pour s’expliquer sur tous les faits qui lui sont reprochés. Il est rappelé que la « zaïrianisation » remonte aux années 1973 et 1974 sous le maréchal Mobutu Sese Seko dont le gouvernement avait pris une série de mesures économiques qui conduisait à l’expropriation de certains immigrés. Plus de trois cents expatriés étaient concernés par ces mesures. Et Matata Ponyo, Premier ministre à son époque, avait décidé de payer ce qui est devenu une dette publique. Les documents indiqueraient que ces expropriés avaient été remboursés. Mais, en suivant les traces, le contrôle ne retrace pas ces individus bénéficiaires de ces remboursements. Donc, il y aurait eu détournement de fonds. Matata Mapon a été appelé à s’expliquer jusqu’à être « mapé ».
La Fondation Bill-Clinton pour la paix (FBCP), qui dit suivre ce dossier, a indiqué, dans un communiqué de la soirée du 13 juillet signé par Emmanuel Adu Cole, son président, que le sénateur Matata Ponyo attendait son transfert à la prison centrale de Makala, où il sera gardé pour la suite de cette affaire. Cette ONG de défense des droits de l’homme a, par ailleurs, demandé à la justice congolaise de faire son travail sans interférence de l’exécutif, tel que stipulé dans l’article 149 et 151 de la Constitution du 18 février 2021.
Masharikirdc
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