Par Jean Serge Borauzima/ Éditeur et Directeur Général de Masharikirdc
Autant le vocable tribalisme, en refusant de disparaitre de nos discours quotidiens et de nos vies, défraie la chronique, autant devons-nous tous observer le compatriote tribaliste dans son microcosme où il se complait, sûr d’être le centre du monde.
Ce citoyen congolais du nord, du sud, de l’est ou de l’ouest ignore délibérément ou inconsciemment que derrière les cimes des montagnes où s’arrête son champ de vision ; qu’au delà de l’immense savane à perte de vue où il va et vient ; que sur les autres rives de notre majestueux fleuve et des rivières que sur les berges de l’autre côté du lac ; qu’après la forêt touffue qui lui offre tout pour vivre, existent aussi des enfants, des hommes et des femmes, des jeunes, des vieux et des sages vivant sur leurs terres et tout aussi fiers d’appartenir à leurs communautés pour n’avoir mangé que la cuisine de sa mère qu’il a cru être seule copieuse et notre frère s’est privé des délices culinaires dont sont championnes les autres mamans congolaises : haricots. bisarnunyu, pommes de terre ici, bitoyo, mikeke, sambaza, matamba, dilombolombo, limbondo, liboke, misili, mikungu, wangila, saka-madesu, bitoto, epunga la djese et fumbwa par là.
Ayant sacrifié aux et autres interdits, l’ami a convolé en noces avec le conjoint choisi ou lui imposé pour cause de tribalisme. Sa progéniture n’est pas marquée de la valeur ajoutée du brassage et du métissage.
L’école, le lieu de culte et le milieu professionnel n’eurent-ils pas été ouverts à tous, notre monsieur aurait choisi ses élèves, ses camarades de classe, ses enseignants, son pasteur, ses fidèles, ses collègues de travail, ses collaborateurs et autres subalternes.
Si le Cosmopolitisme n’était pas absent des centres urbains et de plus en plus des milieux ruraux, notre homme ne parlerait que son dialecte et ferait le choix strict de ses voisins et de ses relations. Tout en lui et tout pour lui n’est que tribalisme.
Le microcosme du parfait tribaliste Congolais ainsi décrit devrait susciter en nous ces interrogations : le tribalisme est-il une forme de peur de l’autre ? La difficile reconstruction en cours de notre nation sur fond de rejet de l’autre frère Congolais et du du monde est-elle possible ?
Par ailleurs, ces craintes méritent d’être émises : faute de cohésion nationale, d’autres hommes viendront du levant et du couchant, ils nous prendront tout, partiront (cas de la guerre de six jours entre les armées Ougandaise et Rwandaise à Kisangani) ou resteront pour faire de nos enfants leurs esclaves pour toujours. Il n’est pas impossible que exacerbation des élans tribalistes préfigureraient, si l’on n’y prend pas garde, l’émiettement de ce beau et grand pays.
En définitive le tribaliste est un intellectuel rabougri, un politicien véreux aux discours creux, un citoyen ordinaire manipulé dangereusement, les uns et les autres étant tous des ennemis de la paix et de la patrie. Comme aucune tribu n’est plus petite ni plus grande qu’une autre, restons unis par le sort et banissons tous ensemble l’apologie du tribalisme.
Masharikirdc