Lorsque ce week-end du 5 Août 2023, Maître Idesbald Byabuze se décide de réunir la presse pour justifier les mobiles de sa candidature à la députation nationale aux législatives de décembre prochain, en arpentant l’escalier qui le menait dans les jardins de l’hôtel Blue Sky à Bukavu, il se mord la lèvre certes comprenant la solennité du message qu’il s’apprête à donner.
Retour sur le parcours d’un homme qui a tout donné à son pays
La sensibilité aurait commandé à ce que les caméras aient été absents à ce rendez-vous médiatique, mais les journalistes et autres qui y ont assisté sont restés médusés devant ce personnage qui, physiquement, spirituellement et psychologiquement porte en lui et sur lui les stigmates de la souffrance qu’a connu son pays, la République Démocratique du Congo.
Le fils d’une institutrice
Idesbald Byabuze Katabaruka est l’aînée d’une grande fratrie qui, comme les enfants de sa condition, fils d’un père évolué et respecté, cadre de l’administration publique et d’une institutrice connaît une éducation catholique de choix, fréquentant les prestigieuses écoles d’alors, à l’école moyenne des frères maristes de Nyangezi comme le Collège Notre Dame de la Victoire plus tard devenu Alfajiri où il décroche son diplôme en Latin-Philosophie. Il est en quelque sorte la symbiose de ses deux géniteurs.
Son diplôme en poche, le jeune Idesbald est vite envoyé à Kinshasa où il est admis dans un premier temps à l’ISTM pour y suivre des cours en kinésithérapie. Le tout petit Bukavien en sort major de sa promotion, et en même temps, il en a profité pour suivre des cours en pilotage.
Mais il est obstiné par le Droit. C’est là qu’il sait faire-valoir ses talents de grand orateur à l’exemple de Cicéron dont les prestations antiques ont déclenché chez ce futur avocat une véritable fascination. Idesbald Byabuze va donc se lancer dans une belle aventure sur la colline sacrée comme étudiant à la faculté de Droit de l’Université de Kinshasa, dont ses multiples distinctions vont en faire un assistant au lendemain de la fin de son cursus. Il faut retenir qu’il fut le Représentant de cette Institution d’enseignement Universitaire qui du reste est le plus prestigieux du pays.
L’enseignant devenu un militant acharné
À cet enseignant réglé comme une horloge dont on connaissait la rigueur, l’agression de son pays à la fin des années 1990 l’avait presque radicalisé. Devenu l’un des farouches opposants de la rébellion du RCD à laquelle des diatribes aussi virulentes ont été adressées pour dénoncer ses abus. Au point que tous les dimanches, au portillon des paroisses, l’on se bousculait pour en apprendre un peu plus sur les bévues du RCD à travers les écrits de ce Chef des travaux à l’Université Catholique de Bukavu qui avait pris le risque périlleux de braver la peur.
Traqué, emprisonné, vilipendé dans tous les sens la détermination de Maître Byabuze ne faiblira jamais. Bien au contraire.
C’était comme une manière de le durcir davantage au point où un jour, en plein cours, à l’Université Libre de Kigali, il se permit, la peur sous ses talon à dire des vérités sur le fameux « génocide « Rwandais, en affirmant haut et fort que pendant cette tragédie ce ne furent pas seulement des tutsis qui furent massacrés mais des hutus aussi. En éludant la question des Interahamwe et des Inkotanyi.
Idesbald Byabuze Katabaruka devint alors l’ennemi du régime de Kigali, qui déjà frustré par son activisme dans son Congo Démocratique au point de faire à la rébellion fantoche du RCD avait transposé son combat sur le territoire de l’État envahisseur. James Kabarebe, le tout puissant Ministre de la Defense du Rwanda et superviseur en Chef du corps expéditionnaire de l’envahisseur rwandais ordonna son arrestation immédiate et des tortures exemplaires à son endroit. Il est devenu depuis Paria au Rwanda, proclamé personna non grata interdit même d’en survoler l’espace aérien.
Sa libération fût le fruit d’échanges des prisonniers politiques négociée savamment par le très stratège Marcellin Cishambo Ruhoya alors Conseiller politique et diplomatique de Joseph Kabila.
De la société civile à la politique active
Donné pour un Homme de la Société civile et surtout catholique dans la chair, il reste une icône de la société civile résistante du temps de l’agression. Après la réunification du pays, le Gouverneur Deogratias Buhamba Hamba Bisimwa Irenge va mettre ses compétences à contribution en tant que Conseiller en matière de sécurité. Une idylle qui ne fera pas des vieux os car cet enfant terrible de Cimpunda va jetter l’éponge et continuer à défendre le peuple car n’approuvant pas les méthodes des politiciens d’alors.
En juillet 2010, pendant que le Gouverneur Marcellin Cishambo prenait les rênes du Sud-Kivu et que tout le monde l’attendait comme Ministre des Droits Humains, ce dernier préfère le garder dans l’escarcelle de son pouvoir en tant que Conseiller
politique et en charge des affaires coutumières. Il va le demeurer pendant 9 ans explosant le record en tant que collaborateur clé de deux Gouverneurs au Sud-Kivu au même poste. certes l’expérience et le tact faisant.
En 2021, il est de ceux qui, aux côtés du Professeur Claude NYAMUGABO Bazibuhe, créent le Front pour un Congo Nouveau, FPCN, le Parti dont il est actuellement le Secrétaire général adjoint, statutairement, le troisième personnage du Parti. Et c’est à ce titre qu’il se présente comme candidat député national dans la Ville de Bukavu.
L’exploit héroïque des personnes comme Idesbald Byabuze qui ont contribué à stopper la désagrégation de la mère-patrie devrait être reconnue comme un un exemple de courage, de bravoure et de service désintéressé à la Nation. Des personnes qui ont tout sacrifié pour maintenir l’Unité de notre Patrie multiculturelle. Ils méritent le soutien de la génération de ceux qui ont le souci de voir la renaissance d’un Congo plus beau qu’avant.
Par Yves Rudahindwa
En savoir plus sur Mashariki RDC
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
