La solution au mouvement de grève déclenché par les régies financières le lundi 8 mars, se trouve entre les mains de trois hommes : Jean Sele Yalaghuli, ministre des Finances, Jean Baudoin Mayo, ministre du Budget et Déogratias Mutombo, gouverneur de la Banque centrale du Congo.
La réponse aux revendications des agents de la Direction Générale des Impôts, de la Direction Générale des Douanes et Accises et de la Direction Générale des Recettes Administratives Domaniales et de Participation, relève de la compétence de trois personnes précitées. Il n’y a point de salut pour les agents en dehors de ce trio. Chercher la réponse ailleurs pour le moment, c’est se tromper de cible et d’objectif.
Le gouvernement serait actuellement dans l’incapacité de payer trois mois d’arriérés de prime de rétrocession aux régies financières. Pourtant, les régies ont mobilisé des recettes. Elles ont donc produit.
La voie moyenne ou le raccourci ?
Une solution médiane a été trouvée. Le paiement d’un mois ; celui de décembre 2020 pour permettre aux agents de reprendre immédiatement le travail en attendant…
Le combat politique dans les régies financières ?
La question mérite d’être posée. Le trio Yalaghuli-Mayo-Mutombo connaît le problème. Cependant, son implication pour la décrispation de la crise, est très faible. Il est invisible, insensible, inaudible et aphone. Pourquoi ? Encourage-t-on une grève sèche ?
Le gouvernement Ilukamba est certes démissionnaire. Il gère les affaires courantes. Mais, la question relative au salaire du personnel de l’Etat concerne ces affaires courantes. Le gouvernement ne peut pas s’y soustraire sous un quelconque prétexte. Le ministre des Finances qui ordonne les dépenses, celui du Budget qui fait la liquidation et le gouverneur de la Banque centrale qui décaisse n’ont aucune excuse. Les régies ont produit et ne réclament que la prime de rétrocession de la mobilisation des recettes. Un mois seulement sur trois leur est d’ailleurs promis.
Au-delà de la rémunération des agents, la prime de rétrocession sert aussi aux frais de fonctionnement des régies financières. Ne pas la payer, c’est asphyxier et anesthésier les services du fisc. Rendre improductifs ces services, revient à couper l’arbre sur lequel on est assis. Car, ces régies sont des pourvoyeuses des recettes de l’Etat. Elles sont les sources les plus sûres des recettes publiques quoique l’on dise. Le gouvernement doit les traiter avec dignité. Le gouverneur de la BCC doit absolument voir la disponibilité des fonds pour décanter rapidement la situation.
En effet, depuis l’arrivée du président Tshisekedi au pouvoir, la cohésion, la cohérence et l’harmonie ont manqué au gouvernement Ilukamba. Chaque ministre a voulu disposer « d’un droit de véto » selon sa tendance politique. Pourquoi ? Chacun a sa réponse. Cette situation a fragilisé l’Etat. A tel point que le président Tshisekedi a parlé des « humiliations subies » lors de son dernier discours sur l’Etat de la nation le 15 décembre 2020. Il a raison puisqu’on a tout vu. En clair, une sorte de sabotage de son action par ceux-là même, censés l’accompagner. Le ver s’est trouvé dans le fruit. Conséquence, cacophonie au sommet de l’État. Vivement le changement !
Si chaque ministre se préoccupe plus de sa survie politique que de l’intérêt général dans la perspective de la formation du nouveau gouvernement, alors l’État cesse de fonctionner. La suite ? Les cadavres dans les placards. On est ainsi dans les états d’âmes et non dans l’âme d’État. Dans un contexte pareil, la vision de Félix Tshisekedi « Le Peuple d’abor » aura du mal à se réaliser.
La DGI, épicentre de la grève ?
Ce n’est qu’une simple impression. Le problème est général. Il concerne toutes les régies financières. Toutefois, on soupçonne une main noire à la DGI. Elle tire des ficelles depuis l’arrivée du DG Barnabé Muakadi Muamba à la tête de la DGI. Pourtant, ce dernier a fait mieux que quiconque.
Les 5% des recettes mobilisées et à rétrocéder ne sont pas un cadeau. Moins encore un acte de charité ou de bonne foi d’un ministre. C’est un droit légitime des régies financières. Personne ne peut leur opposer le contraire.
Une source bien informée révèle une sorte de « guerre froide » entre un ancien DG, hautement placé et le nouveau. Les exploits du nouveau, fils-maison, mettent à nu les rendements ronflants de certains de ses prédécesseurs qui, en réalité, n’étaient que des matamores. Preuve à l’appui, les recettes issues de la TVA parlent d’elles- mêmes sous Muakadi.
A cause des dessous de carte, une source note que le DG Barnabé Muakadi a saisi le cabinet du chef de l’État pour son arbitrage. Celui-ci aurait pris langue avec le « trio magique ». Mais à quand la solution en faveur des grévistes ?
On attend la réaction du trio pour éviter la radicalisation de la grève et/ou le pourrissement de la situation. Le mieux serait le plus tôt. Dossier à suivre.
Blanchard Pataoli
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